C’est quoi, un « Plan Grand Froid » ?

20 décembre 2021

C’est quoi, un « Plan Grand Froid » ?

Aujourd’hui, le 20 décembre 2021, est déclenché pour la première fois cet hiver en Seine-Maritime le « Plan Grand Froid ». Si le nom de ce dispositif est assez évocateur, on ne sait pas toujours ce qu’il contient, ni ce qu’il implique pour les acteurs associatifs et institutionnels locaux. Focus sur un dispositif majeur de la protection sociale.

Le Plan Grand Froid, qu’est-ce que c’est ?

Le « Plan Grand Froid » (ou « PGF ») est un dispositif interministériel déclenché à l’initiative des préfectures lors d’un épisode de temps froid caractérisé par sa persistance, son intensité et son étendue géographique. Pour être déclenché, il faut que les températures atteignent des valeurs nettement inférieures aux normales saisonnières de la localité concernée, constituant, tout comme la canicule, un danger pour les personnes.
Il existe trois niveaux de vigilance, établis par Météo France en fonction des températures ressenties, prenant en compte, par exemple, la force des vents pouvant accroître la sensation de froid.

Le niveau 1 (« vigilance jaune ») correspond à une température ressentie comprise entre -5 et -10 degrés sur plusieurs jours et que la température ressentie maximum est négative ou nulle. Le niveau 2 (« vigilance orange ») est enclenché lorsque la température est comprise entre -10 et -18 degrés. A ce stade, les maires peuvent être avertis par les préféctures afin de trouver des solutions d’hébergement temporaire en direction des familles vivant des conditions d’habitat précaire. Le niveau 3 (« vigilance rouge »), enfin, se déclenche lorsque la température descend sous les -18 degrés.
Chaque année, des centaines de personnes sont atteintes de pathologies causées par le froid. Une organisation telle que la Croix-Rouge est directement concernée par les PGF dans la mesure où le Samu social a pour vocation de protéger les personnes en situation de précarité, notamment sans-abri. Cependant, les objectifs de ce dispositif sont bien plus larges et visent à protéger toutes les personnes potentiellement vulnérables à une vague de froid. Ainsi, un PGF se déploie pour servir plusieurs objectifs :

– limiter la surmortalité saisonnière, notamment causée par des maladies infectieuses pouvant atteindre les voies respiratoires
– prévenir les pathologies cardiovasculaires liées au grand froid, en particulier les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux
– protéger et prévenir les intoxications au monoxyde de carbone, liées par exemple à des systèmes de chauffage défectueux, par l’intermédiaire d’une communication à grande échelle sur les risques d’accidents domestiques

Bien que cela puisse sembler évident, le grand froid diminue les capacités de résistance de l’organisme et aggrave des pathologies déjà présentes chez les personnes. Les personnes en bonne santé peuvent également éprouver les conséquences du froid, notamment si elles travaillent en extérieur. Le travail de prévention et d’action auprès des personnes les plus exposées est donc d’une importance capitale. Des phénomènes météorologiques peuvent également advenir, telle la neige ou le verglas, qui accroissent le risque d’accidents en particulier dans les transports (routiers et ferroviaires).
Deux catégories de la population sont particulièrement exposées. Les personnes âgées d’une part, dans la mesure où la diminution de la perception du froid, de la performance de la réponse vasculaire, l’altération des vaisseaux et la diminution de la masse musculaire les rendent plus vulnérables. Celles ayant des troubles cardiaques, une insuffisance respiratoire, une difficulté à faire face aux activités de la vie quotidienne ou souffrant de maladie d’Alzheimer ou apparentées sont d’autant plus à risque. Les nouveaux-nés, d’autre part, sont particulièrement exposés puisque leur capacité d’adaptation aux changements de températures n’est pas encore aussi performante que celle d’un enfant ou d’un adulte pour lutter contre le froid, d’autant plus qu’ils n’ont pas une activité physique spontanée suffisante pour se réchauffer et ne peuvent pas signaler qu’ils ont froid. Enfin, les personnes à mobilité réduite et les personnes souffrant de pathologies chroniques sont également plus à risque que d’autres face à ces conditions météorologiques.

Le Plan Grand Froid, ça change quoi pour la Croix-Rouge ?

Lorsque la cellule de veille dédiée de la préfecture enclenche, après consultation de Météo France, un Plan Grand Froid, les acteurs du social en sont immédiatement avertis et réorganisent leur activité afin de prendre en compte ce dispositif dans leur action. La ligne du 115 par exemple, le numéro d’urgence sociale, adapte dans certains départements ses horaires d’ouverture et fonctionne 24/24 tous les jours. Des places d’hébergement supplémentaires sont ouvertes pour les sans-abri et les personnes en situation de grande précarité. A Rouen, parmi d’autres solutions d’hébergement, le gymnase Graindor est par exemple ouvert la nuit aux hommes seuls désireux de se mettre à l’abri.
A l’instar d’autres organisations, la Croix-Rouge Seine-Maritime adapte ses missions en temps de Plan Grand Froid. A Rouen, le nombre de maraudes augmente et leurs horaires sont aménagés afin qu’une équipe soit présente sur le terrain au minimum de 19h à minuit, y compris le dimanche soir, afin de pouvoir transporter des personnes et les conduire aux différents lieux d’hébergement de la métropole. Durant les maraudes du Samu social, comme le reste de l’année, nos bénévoles vont à la rencontre de personnes vivant à la rue afin de les orienter, les écouter et peuvent leur fournir couvertures, vêtements, nourriture et boissons chaudes lorsque cela est possible. Leurs priorités, en revanche, changent, puisque l’objectif principal en période de Plan Grand Froid est d’informer les personnes de l’existence de nouvelles structures, de faire de la prévention plus spécifique contre le froid et de négocier leur orientation vers des lieux d’accueil, en les transportant au besoin. Des bénévoles peuvent, en outre, être déployés sur d’autres sites afin de venir en soutien à d’autres associations (notamment au gymnase Graindor afin d’aider à l’accueil des bénéficiaires et à la distribution des repas).
Les bénéficiaires de nos maraudes ne disposant pas forcément d’un téléphone avec une batterie chargée, nous vous invitons bien évidemment à composer le 115 (appel gratuit) si une personne vous sollicite dans la rue et indique avoir besoin d’une mise à l’abri afin qu’elle puisse être prise en charge dans la limite des places existantes.

Comment protéger mes proches et moi-même en cas de Plan Grand Froid ?

En cas de Plan Grand Froid, notamment au stade d’alerte maximal, plusieurs précautions doivent être prises par les personnes afin d’assurer leur protection et le maintien de leur bonne santé.
En premier lieu, il est important de se nourrir convenablement, tout comme de s’habiller chaudement en cas de sortie. Prenez un soin particulier à habiller les enfants afin de les couvrir le plus possible : ils sont parmi les plus exposés à des écarts de température et peuvent facilement transmettre une maladie saisonnière via le milieu scolaire. Chauffez convenablement votre domicile, tout en aérant au moins une fois par jour et pendant dix minutes vos pièces de vie. Limitez enfin les exercices physiques en extérieur et évitez si possible les sorties le soir et la nuit, lorsque les températures sont les plus basses (et d’autant plus en période de « couvre-feu »…).
Un danger indirect dû à des températures anormalement basses est celui de l’intoxication au monoxyde de carbone, un gaz inodore dégagé par une combustion, provoquant chaque année des accidents domestiques. En effet, une température anormalement basse provoque le réflexe d’augmenter le chauffage dans le domicile, soit par des radiateurs, soit par des chauffages d’appoint, soit par un feu de cheminée pour les personnes en disposant. Or, si ces installations sont défectueuses, il existe un risque d’intoxication. Il faut donc veiller à faire vérifier ses installations, à faire ramoner son conduit de cheminée régulièrement afin d’assurer une bonne ventilation, et à ne jamais laisser un chauffage d’appoint tourner en continu, mais seulement par intervalles. Dans le cas où votre logement présente des défauts de salubrité, n’hésitez pas à interpeller une assistante sociale qui pourra essayer de trouver des solutions avec vous et solliciter un soutien en commission.

Dieppe IFCASS